Lecture : 26 % de décès supplémentaires entre début mars et mi-avril 2020 : les communes denses sont les plus touchées

par | 1 Juin 2020 | FED et l’après-crise covid-19

L’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) a publié (11 mai) une analyse des excédents de mortalité du 2 mars au 19 avril par rapport à la moyenne des cinq années précédentes, prolongée ensuite (22 mai) jusqu’à début mai (comparaisons avec 2018 et 2019). Ces données répondent à une demande sociale : il est dans les missions de l’Institut d’y répondre. Il précise, toutefois, que « ce surcroît de décès ne doit pas être interprété comme le nombre de décès liés au Covid-19 ». Le coronavirus est, dans la plupart des cas, en cause, mais souvent comme un facteur de comorbidité plus que comme la cause principale du décès, surtout chez les personnes âgées, chez qui il existe d’autres causes de fragilité. La note sur les sources, intitulée « Mourir de la grippe ou du coronavirus : faire parler les chiffres de décès publiés par l’Insee… avec discernement », se conclut par un appel à la prudence : « Au total, ce travail d’évaluation oblige à beaucoup d’humilité dans les projections aujourd’hui, et dans les interprétations demain. Il faut se méfier de ceux qui laisseraient croire qu’on peut calculer les effets de tous ces facteurs à chaud, sans disposer d’un recul nécessaire sur la crise et ses conséquences ».
La première étude apporte plus d’indications que la seconde sur la surmortalité durant la période la plus intense de la crise épidémique, (on note une diminution de la mortalité en mai par rapport à 2018 et 2019). De plus, elle permet de présenter des résultats sur une question importante pour Fonciers-en-débat : les effets de la densité de population. D’autres développements méritent d’être consultés, que nous ne commenterons pas dans cette brève note de lecture. Le résumé de l’Insee en donne les points forts : « La crise sanitaire liée à la propagation du Covid-19 a un impact sur le nombre total de décès. Du 2 mars au 19 avril 2020, 22 140 décès supplémentaires, soit 26 % de plus toutes causes confondues, ont eu lieu par rapport à la moyenne des décès survenus durant la même période entre 2015 et 2019. L’excédent des décès augmente nettement à partir de la semaine du 16 mars puis a tendance à se réduire à partir de la semaine du 6 avril. Il touche autant les hommes que les femmes et est d’autant plus fort pour les personnes les plus âgées. L’Île-de-France et le Grand Est sont les régions les plus touchées par cet excédent de mortalité. La hausse des décès est plus forte dans les territoires densément peuplés bien que la population y est en moyenne plus jeune ».
Cette question de la densité de population est développée dans la note du 11 mai à partir d’une méthode maintenant courante dans les analyses spatiales : le territoire national est découpé en une grille de carreaux d’un km², dans lesquels la population est calculée à partir de données géolocalisées (les décès sont répertoriés à la commune de résidence). Cela permet de distinguer quatre classes de densité (figures 1 et 2) sans qu’il soit nécessaire d’agréger des carreaux, forcément hétérogènes, au niveau des communes , voire des départements.
Les résultats montrent un excédent de mortalité dans les zones les plus denses du territoire national : + 49 %, contre + 26 % en France et + 2 % seulement dans les communes très peu denses (figure 1).
Figure 1. Source : Insee
A l’étape actuelle, l’Insee avance une explication très prudente : « Plus le nombre de personnes est important dans un territoire restreint, plus le risque de contacts est grand ». Il est également intéressant de noter, sans que des hypothèses explicatives ne soient données par l’Institut, que la diminution de l’excédent de décès, après le pic épidémique, est beaucoup plus rapide dans les zones les plus denses (figure 2).
Figure 2. Source : Insee

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