Vive la route ! Vive la République ! [Mathieu Flonneau et Jean-Pierre Orfeuil] / Atlas de la France périurbaine [Mathieu Drevelle Pierre-Henri Emangard]

éd. L’Aube, avril 2016, 167 p / (préface de Francis Beaucire), nov. 2015, 224 p.

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V oici deux ouvrages qui traitent de la mobilité. Le premier rappelle, contre une certaine doxa qui ne parle que transports en commun, le poids considérable de la route dans la vie quotidienne de tout un chacun. Les auteurs, qui maîtrisent parfaitement leur sujet, procèdent au passage à des règlements de compte avec des auteurs rarement connus du lecteur de base, et pourfendent quelques idées reçues, voire quelques déclarations de personnage politiques qui s’en trouvent habillé(e)s pour le prochain hiver. Leurs développements sur les différents usages possibles de la route sont novateurs et intéressants, mais on peut avoir deux regrets. Le ton polémique qui à travers tout l’ouvrage, tend parfois à des présentations agressives des transports collectifs, à la limite de l’honnêteté scientifique, était-il vraiment indispensable ? La défense de la route en avait- elle besoin ? Par ailleurs, le silence sur les formes d’urbanisation sur- prend. Si 74 % de Français doivent aller travailler en voiture, il faut bien qu’ils logent dans un habitat qui permette le stationnement d’une, voire de deux voitures, et qu’ils disposent d’itinéraires pour se déplacer. Mais est-ce conciliable avec l’ordinaire apologie du logement collectif et de la ville dense ? Autrement dit, pour- fendant une doxa anti-voiture, les auteurs restent à mi-chemin, et n’osent aborder les problèmes d’urbanisme et de logement induit par ce constat. Impertinents sur le thème de la mobilité, ils restent déférents sur celui de l’urbanisme. L’ouvrage sur la France périurbaine est d’une autre écriture. C’est un travail scientifique qui s’attaque à deux sujets difficiles. Le premier est de dépasser les gloses globalisantes habituelles (pour ou contre), sur le phénomène de périurbanisation, pour analyser de façon précise, avec une classification innovante, les formes qui en résultent dans l’espace périurbain. Puis il s’attaque au problème de la « desservabilité » – néologisme justifié par la qualité du raisonnement qu’il sous-tend – de ces espaces en transports collectifs, en développant là encore des approches originales. Mais, surtout, ces approches sont testées, y compris sous l’aspect financier, sur 70 aires urbaines de toute taille, avec une cartographie très claire et, chaque fois, la présentation des données de base, ainsi que des solutions potentielles en transport collectif. Par sa volonté de synthèse, aussi bien théorique que concrète, c’est un ouvrage à marquer d’une pierre blanche dans un univers qui a tendance à développer des approches sectorielles mono-disciplinaires se fermant sur leurs sujets, plutôt que de tenter des synthèses qui prennent en compte la complexité du réel et la nécessité, pour avancer, d’en conjuguer différents aspects. Cet ouvrage, il faut l’espérer, est destiné à devenir un ouvrage de référence. Souhaitons que les analyses développées puissent se traduire par des solutions effectivement mises en place.