Il y a trois ans, Marc Fiorentino, conseiller financier médiatique et avisé, réalisait un beau succès de librairie en publiant Immobiliez-vous (Éd. Robert Laffont, 15 euros). Il affirmait que tout risque de bulle immobilière était écarté en France, au motif que les acquisitions des années précédentes n’avaient pas été de nature spéculative, à la différence de ce qui s’était passé aux États-Unis et en Espagne. Allant plus loin face au risque d’une crise financière majeure dans la zone euro, il poussait les ménages qui ne l’auraient pas encore fait, de se constituer au plus vite un portefeuille immobilier de sécurité en pro tant des bas taux d’intérêt. Un questionnaire en ligne amenait le lecteur à con er ses données financières sur le site géré par l’auteur et son équipe (mon nancier.com) pour y faire diagnostiquer sa situation personnelle…
Sur le même thème, un nou- veau succès de librairie prend cette année la position juste inverse. « L’immobilier français est aujourd ’hui un marché piégé, qui constitue une énorme bulle »avertissent d’entrée de jeu, Jean- Luc Buchalet et Christophe Prat, ingénieurs agronomes de formation, animateurs d’une autre société de conseil, Pytha- gore Consult, dans un petit livre paru au mois de marsComment la bulle va se dégonfler, qui précise que la chute devrait êtrede30%danslescinqàdix ans à venir. Leur argumentaire se base, entre autres choses, sur la structure actuelle de la pyra- mide des âges : les classes d’âge vendeuses net vont s’accroître pendant que les classes d’âge acheteuses net vont décroître. Ils mettent surtout en relation l’évolution des valeurs vénales avec celle des loyers, pour montrer que l’appétence des ménages français pour l’immo- bilier est devenue totalement irrationnelle en dépit des inci- tations scales. « Économique- ment, la meilleure des choses à faire pour un propriétaire est donc de vendre et de devenir locataire »déclarait même J.-L. Buchalet dans une récente interview. Bref, on ne saurait trop recommander la lecture croisée de ces deux ouvrages, également intéressants et de lecture facile, à titre d’exercice de l’esprit cri- tique. La revue foncière ne manquera pas d’apporter sa contribution aux débats, d’autant que l’analyse du rôle des politiques foncières dans l’évolution des prix de l’immobilier, est totalement absente de l’un et l’autre de ces ouvrages