L’essai de Paul Ariès est la réédition augmentée d’un ouvrage initialement paru en 2009 et principalement formé d’une compilation d’articles et discours écrits entre 2004 et 2008 (« La décroissance », « Le sarkophage », « Entropia », etc.). Face à la simultanéité de crises environnementales, sociales, politiques, ce politologue de formation revient sur trois paliers de décroissance : la « simplicité volontaire » mais individuelle qui consiste à « vivre en conformité avec ses valeurs sans nuire aux plus pauvres et aux générations futures », l’expérimentation collective aux allures parfois de « robinsonnades » et le pro-jet politique. Se décrivant lui-même comme un « objecteur de croissance », il propose tout au long des dix chapitres une « bous-sole intellectuelle », dessinant en creux, une théorie aux contours flous, en équilibre sur ce « chemin de crête qui peut déboucher sur le meilleur ou le pire ».Paul Ariès fait tout d’abord valoir un effort de définition et de mise à distance ; loin des sur-vivalistes et de l’extrême-droite, il se dresse contre l’idéologie de la croissance où le plus vaut mieux. Il montre que décroissance et rationnement ne sont ni austérité ni privation mais la condition de la vie de tous – un pouvoir de vivre plus qu’un pou-voir d’achat. Pour cela il s’appuie sur une redéfinition de la vitesse, au profit d’une décélération, et de la gratuité, à contrepied du consumérisme et de la vénalité ambiants. Il pose les lignes d’un pro-gramme politique global pour une « décroissance équitable » consolidé par des slogans rassembleurs ; « moins de biens, plus de liens », « gratuité de l’usage, cherté du mésusage », « travailler moins, vivre mieux », pour un revenu universel démonétarisé, etc. Pour y parvenir, une « désobéissance civique » transgressant exceptionnellement et collectivement la légalité doit permettre de « réveiller » un usager consumé en consommateur ou en capital à valoriser. Paul Ariès suggère notamment une grève générale de la consommation, véritable « catharsis collective ». Outre des redondances trop récurrentes, le lecteur critique peut être désarçonné par la dichotomie flagrante de l’ou-vrage entre un objectif de théorisation et l’usage récurrent d’arguments d’auteurs indéterminés à la fois scientifiques et militants (« la communauté scientifique », « toute une série de travaux », etc.) et par l’utilisation de terminologies floues et manichéennes (« les classes populaires »vs« les enrichis »). Sur le fond de l’argumentaire, l’auteur verse dans certaines diatribes récurrentes et caricaturales notamment sur des villes déshumanisées et banalisées, sur des banlieues où les marques triomphent uniformément, etc. L’ouvrage ne traite donc pas du champ émergeant de la décroissance urbaine mais d’aspects plus politiques. Quelques beaux chapitres sont à noter sur le rapport à l’alimentation, le survivalisme ou sur des « pièges du système » explicitant les failles de notre mondialisation à appréhender d’autres cultures. Reste une problématique commune à approfondir, celle d’un système à repenser, loin d’outils colmatant des « dysfonctionnements provisoires ».
Depuis 2016, la valeur du foncier augmente dans le patrimoine des ménages
L’Insee a publié les comptes de patrimoine 2018 des Comptes de la Nation (Insee Première 1787, janvier 2020). Le tableau ci-dessus est un extrait de ces comptes, portant sur certaines données du compte des ménages. Relevons que, pour le secteur des Ménages au sens des...