«Les villes où les loyers sont plus élevés sont celles où il est le plus facile de sortir du chômage vers l’emploi privé » (p. 79). Or, les jeunes sont précisément ceux qui ont le plus de difficulté à se loger, en particulier en secteurs tendus : « plus les besoins en logement social sont importants, et moins, paradoxalement, l’accès au secteur locatif social des jeunes est effectif » (p. 45). Ce paradoxe, de politiques publiques qui ne par- viennent pas à faciliter le logement des jeunes dans les secteurs dyna- miques en termes d’emploi, est au cœur de cet ouvrage. Les auteurs ont le mérite de proposer ici une synthèse, évidemment difficile, de travaux portant sur un sujet central. On pourra toutefois leur faire au moins deux reproches. D’abord, le sujet est vaste, l’ouvrage court. On peut donc s’étonner de voir les auteurs (dès l’introduction en fait…) se lancer dans des propositions de politiques publiques : baisse des droits de mutation, prolongement des surloyers dans le parc social et baux flexibles pour les jeunes. Les auteurs soulignent par ailleurs l’efficacité des APL (p. 74) en matière d’accès au logement en
zones tendues pour les jeunes. Les puristes de La revue foncière seront probablement frustrés de la manière cavalière dont les auteurs traitent le foncier, dont il suffirait de « laisser le prix baisser » (p. 82). Ces propositions auront toutefois le mérite de susciter le débat. Ensuite, ce qui est peut-être plus gênant, c’est le sentiment que les auteurs dis- qualifient l’essentiel des politiques publiques (chapitre 4) pour leur substituer un discours idéaliste :« l’État doit se limiter à assumer son rôle d ’arbitre et de stratège : définir les règles et surveiller que la concurrence n’est pas biaisée » (p. 82). Ce qui fera sûrement sourire (jaune) nombre de praticiens