Cette troisième édition de l’ouvrage de R. Shiller consacré aux bulles financières est tou- jours aussi intéressante, et actualisée. Car l’auteur a le mérite de prendre acte de l’inadaptation des approches standard de la finance, marquées par l’efficience supposée des marchés, et de s’ouvrir à des perspectives historiques ou psychologiques. Même si son optimisme sur le développement d’une société d’investisseurs éclairés pourra laisser songeur.
C’est certainement le chapitre consacré à l’immobilier qui réjouira le plus les lecteurs de La revue fon- cière. R. Shiller (co-concepteur de l’indice case-shiller, équivalent US de notre indice Insee-Notaires de prix immobiliers) nous y livre quelques positions à méditer fortement : « Les booms immobiliers paraissent aussi mystérieux et difficiles à prévoir que les booms boursiers. Quand ils surviennent, on trouve toujours des explications, mais celles-ci ne sont pas nécessairement correctes » ou encore « s’il est certain que les taux d ’intérêt bas constituent un facteur essentiel, les banques cen- trales ont réduit les taux d’intérêt à de nombreuses reprises dans l’histoire et leurs décisions n’ont jamais produits de tels booms simultanés » (p. 58). Mieux, face à ces difficultés, notre auteur n’hésite pas à nous livrer des positions pleines de contradictions : « En réalité, les prix immobiliers sont prévisibles », suivi par « il ne faut pas exagérer la possibilité de prévoir les prix des logements », et enfin « si on étend la prévision à 5 ou 10 ans, on n’aura alors aucune idée de ce que seront les prix », tout ça sur une seule page (p. 61) ! Autrement dit : quand on commence à sortir du réel, les modèles aprioristes ne valent pas tripette.