Cela se présente, à première vue, comme un pamphlet, mais l’auteur, lui-même économiste, chercheur au Centre d’économie industrielle de l’école des Mines, est très sérieux et il ne manque pas de pédagogie. Sa cible, la thèse dominante des économistes néo-libéraux qui affirment que la lutte contre le réchauffement climatique peut et doit trouver sa solution dans un meilleur fonctionnement des marchés mondiaux qui rendrait coûteuse l’émission de gaz carbonique : si pour polluer, il fallait en acquérir le droit, tout naturellement ce sont les processus industriels ayant la capacité de réduire leur pollution à moindre coût qui seraient les premiers à cesser de polluer. Le simple jeu des marchés aboutirait de la façon la plus efficace et la moins coûteuse à diminuer le volume des gaz à effet de serre, sans qu’il soit besoin de recourir à des mesures réglementaires contraignantes ou à des taxations pénalisantes..
Pour l’auteur le fonctionnement d’un tel marché mondial des droits à polluer est une pure vue de l’esprit qui supposerait que tous les acteurs économiques agissent rationnellement et en parfaite transparence les uns avec les autres sous l’autorité d’arbitrage d’un gouvernement mondial. Il est facile d’imaginer des hypothèses aboutissant à la réalisation de l’objectif désiré, mais elles n’appartiennent pas au monde réel dans lequel existent des entités dominantes, des para- dis juridiques permettant les transactions occultes, etc. Et depuis 25 ans que les économistes exposent les bienfaits climatiques qu’appor- teraient un pur et parfait marché sans contrainte, la température monte.