ll aurait fallu inverser l’ordre titre/sous-titre. Le sujet de ce livre n’est pas tant dans la créativité que dans les proximités et la mobilisation de ressources au service du développement local. La créativité ne fait pas vraiment l’objet de développements, même si on comprend qu’elle est entendue comme un vecteur de croissance économique dans un monde où le fordisme a fait son temps. Le recours aux proximités et au concept de ressources est quant à lui plus longuement justifié dans l’introduction. Et ce à travers une réflexion sur les liens, spatiaux ou sociaux, entre acteurs notamment, et sur la manière dont ils se saisissent de ressources, pour les exploiter, les activer, voire les spécifier (donc les ancrer territorialement). Ce sont les proximités et la capacité à spécifier les ressources qui rendraient le territoire créatif (p. 22).
De manière plus prosaïque, le livre s’intéresse à la manière (souvent originale) dont les acteurs se structurent, au sein d’un territoire ou entre territoires, autour de pro- jets, marchands ou non à l’origine (comme un festival par exemple), pour redonner une dynamique à des territoires qui paraissent parfois en sommeil : « ce qui est nouveau ou plutôt plus récent n’est autre que la diversification très soutenue des initiatives et des projets dans les territoires qui sont non seulement basés sur la proximité territoriale mais qui portent sur les dimensions moins convenues ou attendues du développement qui n’est plus réduit à sa seule dimension économique au sein classique du terme »(p. 13).
B. Pecqueur et E. Glon, les deux coordinateurs, ont ainsi regroupé pas moins de 18 contributions, qui traitent d’initiatives localisées de Rio à Forcalquier (04) en passant par Roubaix, autour de sujets fes- tifs (carnaval), productifs (AOP et IGP) ou branchés (innovations et mondes virtuels).
Les auteurs admettent (p. 259) qu’il est difficile, sur cette base, de dégager un modèle générique de réussite. On peut en effet consta- ter que la plupart des territoires institutionnels (EPCI, Pays, etc.) en France sont entrés dans une course à la spécification que les auteurs appellent de leurs vœux : labels, marques, etc. tous plus uniques les uns que les autres… sans évidemment qu’il ne soit garanti que l’énergie investie dans des études, réunions et autres démarches collaboratives n’aboutisse à grand-chose.