A la suite d’une première rencontre qui s’est tenue en 2023 sur le thème « Opportunities and challenges for financing urban infrastructure with Land Value Capture in Colombia and Brazil », Fonciers-en-débat participe à l’organisation, au Lab’urba et sous le pilotage d’Oscar Eduardo Perez, d’un second seminaire le 9 Octobre 2024.
Il a été l’occasion de réunir des chercheurs et des praticiens pour échanger sur les fondements et la mise en oeuvre d’outils de récupération par les pouvoirs publics de la valeur foncière générée par des équipements d’atténuation ou de protection des risques climatiques. La vision internationale s’est portée sur les expériences en Amérique Latine, où les instruments de captation de la valeur foncière ont été mis en place avec un certain succès et des limites. Les interventions font réference à des rapports ou articles que le lecteur pourra consulter.
PRESENTATION OF THE SEMINAR
Sonia Guelton (Fonciers-en-débat/ Lab’URBA – France)
La « Land Value Capture » – que l’on traduit en français « captation des plus-values foncières »- est longuement étudiée dans plusieurs pays comme un outil des politiques publiques pour financer les grands projets d’infrastructure. Sur le principe elle aurait des vertus redistributives, concourant à plus de justice sociale. L’exposé de Andres Fuentes fait un tour d’horizons de son intérêt et des pratiques dans le monde. Dans les pays européens, en France en particulier, elle reçoit un accueil mitigé de la part des pouvoirs publics et des praticiens qui hésitent à la développer sous la forme, basique, d’une taxation des plus-values foncières autour des infrastructures[1], même si des formes de captation de valeur existent à la fois dans les instruments financiers à disposition de la puissance publique – pour le financement des équipements publics notamment (par la taxe spéciale d’équipement[2] ou la taxe sur les bureaux en Ile-de-France)- et dans les montages opérationnels, de ZAC et PUP par exemple mais aussi d’aménagement et la vente des terrains publics[3].
Parmi les infrastructures concernées par ces mécanismes les infrastructures « vertes et bleues » prennent une place croissante avec la montée des événements liés aux changements climatiques. L’exposé de David Rosen en montre toute l’importance. La question de l’usage de la LVC pour contribuer à l’atténuation des changements climatiques est à l’ordre du jour des réflexions internationales, donnant une dimension nouvelle à ces pratiques dans un contexte de grande instabilité climatique, soulignant leur rôle régulateur au-delà des vertus mentionnées. Les présentations de ce séminaire donnent à voir des expérimentations concrètes et des réflexions prospectives pour la mise en place d’instruments de LVC. Si le contexte de la décision publique change selon les pays, les retombées sont mises en évidence et peuvent inspirer nos décideurs publics dans la conduite des politiques foncières plus favorables à l’environnement.
L’expérience montre aussi des points de vigilance. Les uns portent sur le cadrage technique des outils, en termes d’échelle (sur quel territoire est-il pertinent d’instaurer la LVC) et de niveau (comment mesurer la valeur foncière récupérable et comment la récupérer sans interférer sur les marches fonciers et immobiliers). Les autres portent sur les effets induits par les instruments sur l’organisation spatiale du développement, et sur les inégalités possibles qu’ils peuvent provoquer : renforcer la ségrégation spatiale, renforcer les inégalités économiques. Les instruments de LVC ne doivent pas seulement être considérés du point de vue de la « captation » mais aussi du point de vue de la « redistribution » en réponse à la question: où vont les fonds collectés ?
Notre rapporteur, Félix Adisson, souligne l’importance des aménageurs et de leurs opérations dans la lutte contre le réchauffement climatique et la contribution des instruments de LVC à cet objectif. Les enjeux climatiques sont autant humains et financiers que non humains et non financiers. Ils doivent être pensés en termes de développement, plus qu’en termes de croissance, avec des dimensions interactives, ou des cycles dans le temps et l’espace.
[1] Voir l’échec de cette taxe proposée pour financer le Grand Paris Express, et les discussions autour d’une telle taxe Grenelle en 2011 : Institut Paris région, Note rapide N° 477 – juin 2009
[2] Voir l’article 1609 H du code des impôts instaurant une Taxe Spéciale d’équipement au profit de la Société Grand Projet du Sud-Ouest destinée à financer l’infrastructure ferroviaire dénommée « Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest » reliant Bordeaux – Toulouse et Bordeaux – l’Espagne sur les communes situées à moins de 60 minutes par la route d’une gare desservie par la ligne ferroviaire
[3] Pedro M., Maulat J., Delépine I. et Lord A. (2024) Carte blanche ? Négociations autour des outils de captation des plus-values foncières en France, en Angleterre et aux Pays-Bas, Riurba no 15
SESSION 1: LAND VALUE CAPTURE AND CLIMATE CHANGE
David ROSEN (David Paul Rosen & Associates – DRA Consultants – USA)
Climate issues and the implementation of infrastructure and its financing – Financement de l’adaptation des infrastructures urbaines au changement climatique : Le rôle de la captation de la valeur foncière
À propos de l’auteur
David Rosen est le Fondateur et Directeur de DRA, un expert international en finances, politiques et développement, conseiller pour les institutions publiques et privées. Les travaux de DRA portent sur l’élaboration des politiques publiques et le financement des réponses d’atténuation et d’adaptation au changement climatique, aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique ainsi qu’au logement abordable.
David Rosen a, en particulier, contribué à des innovations de pointe en matière de captation de la valeur foncière, de financement public et privé au profit des communautés à faible revenu, ainsi que de financement du logement et des énergies renouvelables.
Document de référence
David Rosen a récemment publié une étude internationale sur la politique foncière pour répondre à l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050 : David Rosen & Nora Lake-Brown (2022) Net Zero 2050, Climate Change and Land Policy, Prepared for Lincoln Institute of Land Policy, DAVID PAUL ROSEN & ASSOCIATES
Points clés de la présentation
La présentation examine les défis et opportunités liés à l’adaptation des infrastructures urbaines au changement climatique. Elle met en lumière l’importance des risques climatiques auxquels les villes sont confrontées, dans un contexte d’incertitude absolue, tout en soulignant la carence persistante des financements pour engager des mesures d’adaptation aux risques. En explorant des exemples de réalisation d’infrastructures d’adaptation, il examine comment des mécanismes financiers tels que la captation de la valeur foncière (LVC) peuvent soutenir une stratégie d’adaptation urbaine en association avec d’autres sources de financement.
Un manque de financement
Le manque de financement pour réaliser des mesures d’adaptation aux changements climatiques s’explique par plusieurs facteurs clés : une grande incertitude sur la localisation, la vitesse, l’ampleur, et la gravité des impacts climatiques ; des mesures d’atténuation plus prisées car offrant des rendements de marché (parfois subventionnés) tandis que l’adaptation nécessite généralement des subventions directes ; une absence de consensus sur la nature des coûts et bénéfices des mesures d’adaptation ; un manque de capacité des gouvernements locaux et nationaux, en particulier dans les pays en développement ; une rareté des ressources financières dans ces mêmes contextes ; et une concurrence avec d’autres projets et priorités.
La captation de la valeur foncière (LVC) représente une source de financement modeste par rapport aux besoins globaux en capital pour réaliser des mesures d’adaptation aux changements climatiques, bien qu’elle puisse jouer un rôle complémentaire. Son efficacité varie considérablement en fonction de plusieurs facteurs, notamment le dynamisme du marché foncier local, les actions publiques qui visent à augmenter la valeur des terrains, et l’impact du changement climatique sur la valeur foncière.
La captation de la valeur foncière pour financer projets d’infrastructures d’adaptation au changement climatique
Malgré cela, si la captation de la valeur foncière est bien structurée, elle permettra de mobiliser les capitaux des secteurs privé et public et d’augmenter la capacité d’une ville à financer des projets d’infrastructures d’adaptation au changement climatique.
Pour atteindre cet objectif, il faut tenir compte d’une temporalité et d’une échelle adaptée. Il est essentiel d’évaluer les recettes attendues pour chaque instrument de LVC pour chaque localité. Cela permettra de maximiser l’usage de l’instrument dans les limites de la faisabilité financière, et ses retombées tant pour le développement du foncier privé que pour les projets d’infrastructures d’adaptation. Cette valorisation doit ensuite être appliquée au plan de financement de chaque projet, garantissant ainsi une allocation optimale des ressources et contribuant à l’atteinte des objectifs de résilience urbaine face aux défis climatiques.
Andrés FUENTES HUTFILTER (OECD)
Land Value Capture for climate action – La captation de la Valeur foncière au profit de l’action pour le climat – Les leçons tirées du Compendium des politiques de captation de la valeur foncière dans le monde
À propos de l’auteur
Andrès Fuentes Hutfilter est économiste senior et chef de l’unité Économie de l’environnement et de l’aménagement du territoire à l’OCDE, Centre pour l’entrepreneuriat, les PME, les régions et les villes (CFE), Division de l’analyse économique, des données et des statistiques. Il a dirigé les travaux sur les perspectives régionales de l’OCDE et travaille sur les aspects territoriaux de l’objectif de zéro émission nette de gaz à effet de serre d’ici 2050 dans les pays de l’OCDE et sur leur analyse économique. Avant de rejoindre la CFE, il a travaillé dans le département économique. Il est titulaire d’un doctorat en économie de l’Université d’Oxford.
Documents de référence
Cette présentation fait référence à l’ouvrage 2022, Global Compendium of Land Value Capture Policies, réalisé par de OECD, Lincoln Institute of Land Policy, PKU-Lincoln Institute Center.
On pourra également lire : International Programme for Land-Based Finance | OECD
Water Financing and Disaster Risk Reduction in Indonesia | OECD
Points clés de la présentation
L’intérêt des instruments de Captation de la valeur foncière pour soutenir l’action publique en faveur du climat
La LVC repose sur le principe que l’action publique produit des bénéfices collectifs qui se traduisent par une augmentation des valeurs foncières. En particulier les décisions relatives aux infrastructures et à l’usage des sols qui sont au cœur de la politique climatique (d’atténuation et d’adaptation) et de l’objectif de neutralité climatique ont un effet marqué sur les valeurs foncières. C’est tout particulièrement le cas dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, dans un contexte de forte urbanisation. La construction d’une ligne de métro en 2000 à Manille, pour un coût public de 655 millions de dollars, a entrainé une augmentation de la valeur des terrains situés à moins d’un kilomètre des gares de la ligne de près de 3,4 milliards de dollars américains. Outre son potentiel de recettes, la LVC apparait aussi plus efficace que d’autres prélèvements. Les recettes arrivent plus rapidement que celles des redevances d’usage. La LVC n’a pas d’effet distorsif sur l’activité économique et elle permet d’améliorer l’équité en pesant sur la répartition des recettes.
Les expériences de LVC soulignent leurs avantages et limites
L’OCDE a recensé dans son compendium les différents instruments de captation de valeur foncière et des expérimentations internationales. Ce compendium stabilise tout d’abord les définitions des différents instruments de captation de valeur foncière, depuis les taxes sur la plus-value foncière créée par les infrastructures, les contributions d’urbanisme dues par les aménageurs, les taxes ou contributions des promoteurs pour sur densité, jusqu’aux instruments de remembrements et aux interventions publiques directes dans l’aménagement et la promotion.
De nombreux exemples montrent que ces instruments sont particulièrement adaptés lors de la construction de systèmes de distribution ou de récupération des eaux, d’irrigation ou de prévention contre les inondations. Ils sont parfois associés à des incitations aux améliorations énergétiques. Ils peuvent permettre d’isoler des espaces, des fonciers pour la réalisation de services publics et la conservation d’espaces naturels. On peut alors mesurer les retombées sociales et environnementales apportées.
Les difficultés de mise en place des instruments de captation de valeur foncière tiennent beaucoup à la résistance des propriétaires fonciers, qui soulève le risque que la taxation ou la contribution demandée dépasse l’augmentation de la valeur foncière. Les capacités administratives à maitriser les outils, les mettre en place et à les rendre acceptables sont également un enjeu fort. Les conditions de mise en place de ces instruments tant juridiques qu’opérationnelles sont à apprécier avec précision tout comme les niveaux de contributions attendues de façon à équilibrer les bénéfices avec des charges acceptables.
On ne peut pas compter seulement avec les instruments de captation de valeur foncière pour résoudre les enjeux climatiques mais ils peuvent y contribuer lorsqu’ils sont bien ciblés sur les infrastructures favorables à l’environnement et au bénéfice des populations les plus fragilisées.
DISCUSSION AND QUESTIONS: Joel IDT (Fonciers-en-débat/Lab’URBA – France)
SESSION 2: EXPLORING THE USE OF LAND VALUE CAPTURE INSTRUMENTS FOR FINANCING RESILIENT INFRASTRUCTURE
Stelios GRAFAKOS, Alexandra TSATSOU and Adriana LOPEZ
Exploring the use of Land Value Capture instruments for green resilient infrastructure: a framework applied in Cali (Colombia) – Explorer l’utilisation des instruments de captation de la valeur foncière pour des infrastructures vertes et résilientes : un cadre appliqué à cali (Colombie)
À propos des auteurs
Stelios Grafakos est économiste principal au Global Green Growth Institute (GGGI), bureau de la réflexion stratégique, dont le siège est à Séoul, en Corée du Sud. Actuellement, il est responsable des travaux du GGGI sur les questions économiques liées à la croissance verte. Avant de rejoindre le GGGI, Stelios a travaillé en tant qu’expert principal sur le développement urbain durable et le changement climatique à l’Institute for Housing and Urban Development Studies (IHS) de l’Université Erasmus de Rotterdam.
Adriana Patricia López Valencia est professeure à l’Université del Valle (Cali/ Comombie). Elle a effectué des recherches en Allemagne à l’Université des Nations Unies, dans la section VARMAP, sur la vulnérabilité urbaine aux risques naturels et technologiques. Elle travaille actuellement sur des projets liés à la gestion des risques et à l’évaluation de la vulnérabilité, utilisant des techniques SIG et impliquant la perception sociale.
Document de référence
Cette présentation est basée sur le document de travail : « Exploring the Use of Land Value Capture Instruments for Green Resilient Infrastructure Benefits: A Framework Applied in Cali, Colombia », dans le cadre d’un projet de recherche financé par l’Institute Lincoln en 2016-2017 et développé par l’IHS – Université Erasmus de Rotterdam, l’Université del Valle et l’Institute for International Urban Development à Boston.
Points clés de la présentation
La réalisation d’infrastructure verte (IV) est une stratégie prometteuse pour s’adapter aux impacts du changement climatique, renforcer la résilience urbaine aux aléas climatiques et, plus spécifiquement, réduire le risque d’inondation, tout en apportant simultanément d’autres avantages en matière de durabilité. Le financement de ces investissements est considéré comme un défi crucial tant aujourd’hui que pour les années à venir, en particulier dans les pays à revenu faible et moyen, en raison de leurs budgets municipaux limités, ainsi que des montants insuffisants mobilisés par les fonds internationaux.
La captation de la valeur foncière (LVC) en tant que source de financement alternative et locale pour l’IVR
La captation de la valeur foncière (LVC) peut fournir des sources de financement alternatives et locales. Précisément, cette présentation identifie et évalue les multiples avantages d’un projet d’infrastructure verte et résiliente (IVR), participant à la réduction du risque d’inondation, et propose des instruments de captation de la valeur foncière comme un cadre de financement pour récupérer (partiellement) le coût d’investissement du projet et contribuer aux bénéfices publics.
Le cas d’étude : le CAU Cañaveralejo dans la ville de Santiago de Cali, en Colombie
La recherche porte sur un projet d’IVR fluvial dans la ville de Santiago de Cali, en Colombie : le CAU Cañaveralejo (Corredores Ambientales Urbanos en espagnol ou Corridors environnementaux urbains en français). Elle expérimente un cadre d’analyse pour identifier les possibilités d’élargir le concept de LVC et de l’appliquer à des projets d’IVR contribuant à la réduction des risques d’inondation. La recherche repose sur la collecte de données primaires et secondaires (travaux de terrain, littérature, collecte de documents sur le projet). Elle mobilise les outils des SIG et des ateliers de consultation avec les parties prenantes. Elle construit un modèle de tarification hédonique qui vise à évaluer l’impact des attributs de l’IVR sur les valeurs foncières de la zone du projet. Elle explore également la faisabilité de la mise en place de différents instruments de LVC ( participation d’urbanisme, taxe sur la plus-value immobilière, contribution pour sur densité) dans le contexte de Cali.
La présentation discute les défis liés à la mise en œuvre de la LVC pour les investissements publics. Le cas d’étude propose des pistes pour dépasser un manque de confiance dans les autorités gouvernementales, une faible volonté de payer des impôts, le sentiment d’une mesure punitive qui peut décourager les investisseurs, un besoin de coordination de nombreux acteurs, un niveau d’investissement et d’entretien qui ne justifie pas forcément le recours aux instrument de LVC.
Melinda Lis MALDONADO (Lincoln Institute of Land Policy / Independant consultant)
Barriers and opportunities for supporting nature-based solutions with Land Value Capture instruments in Latin America and the Carribbean – Contraintes et opportunités pour soutenir les solutions fondées sur la nature avec des instruments de capture de valeur foncière en Amérique latine et dans les Caraïbes
À propos de l’auteur
Avocate argentine, elle détient un doctorat en Études Urbaines (2021), une spécialisation en Droit Immobilier et Urbain (2010) et des études sur les Politiques de Terres Urbaines au Lincoln Institute of Land Policy (2007). Ses domaines d’expertise sont : la planification et les finances urbaines et climatiques, le droit urbain comparé et les conflits urbano-environnementaux. Depuis 15 ans, elle enseigne au Lincoln Institute of Land Policy et dans diverses universités et dirige des formations en Amérique Latine et dans les Caraïbes pour les acteurs clés des villes (décideurs, chercheurs, société civile) sur des sujets urbains et climatiques. Cela lui a permis non seulement de comprendre les obstacles existants, mais aussi de mettre en valeur les opportunités pour relever ces défis.
Points clés de la présentation
La présentation se concentre sur l’analyse des contraintes et des opportunités pour soutenir les solutions basées sur la nature avec des outils de capture de valeur foncière en Amérique latine et dans les Caraïbes. À cet effet, sont analysés les obstacles liés à la planification ainsi que ceux liés à la mise en œuvre (financement).
Les obstacles externes et internes liés à la planification
Les obstacles liés à la planification peuvent être externes ou internes. Parmi les obstacles externes, on trouve la complexité des relations multi-niveaux entre les plans, les stratégies et les réglementations liées aux enjeux climatiques et urbains. Généralement, ces relations manquent d’ancrage et ne sont pas coordonnées. Du côté des obstacles internes, certains éléments inhérents à la planification urbaine posent des défis : la durée des processus, qui peut être soit trop longue soit trop courte, une vision future parfois trop optimiste, ainsi que des techniques urbaines souvent trop centrées sur l’urbain, sans prendre suffisamment en compte les dynamiques environnementales et territoriales plus larges.
Pour surmonter les obstacles liés à la planification, plusieurs opportunités peuvent être envisagées. D’une part, l’intégration de techniques d’aménagement du territoire adoptant une perspective de changement climatique permettrait de mieux articuler les enjeux urbains et environnementaux. L’exemple de la classification des terres dans les documents de planification est révélateur. D’autre part, le renforcement de la connexion multi-niveaux entre les plans, les stratégies et les réglementations favoriserait une meilleure coordination des actions.
Les barrières liées à la mise en œuvre
Les obstacles liés à la mise en œuvre sont profondément attachés au manque de financement. L’utilisation des instruments fonciers orientés vers les objectifs climatiques représente une opportunité clé pour assurer leur financement. Dans ce contexte, la présentation analyse une série d’études de cas dans des villes d’Amérique latine où des outils tels que les contributions d’urbanisme (betterment contribution), la redevance sur l’eau et les exigences en échange de droits de construction ont été utilisés pour financer des solutions fondées sur la nature.
DISCUSSION AND QUESTIONS: Oscar Pérez (Lab’URBA – France)
SESSION 3: MECHANISMS OF LAND VALUE CAPTURE TO FINANCE URBAN BLUE-GREEN INFRASTRUCTURE
Eduardo ROTTMAN (Contacto Consultores – Brazil)
Urban operations in Sao Paulo, Rio de janneiro and Curitiba – Opérations Urbaines au Brésil et ESG
À propos de l’auteur
Eduardo Rottmann est diplômé en génie civil et titulaire d’un Master de l’Escola Politécnica da Universidade de São Paulo. Il a également suivi un cursus en affaires à la Fundação Getúlio Vargas (FGV). Partenaire chez Contacto Consultores Associados, il agit en tant que consultant en développement immobilier et logement pour la mairie de São Paulo, la compagnie de métro de São Paulo, la BID, la Banque mondiale et la CAF – Corporación Andina de Fomento. Il intervient également comme expert judiciaire, évaluateur immobilier, membre de conseils de résolution de litiges, et conférencier dans des cours de troisième cycle sur l’immobilier et l’évaluation. Il représente le Brésil auprès de l’IVSC (International Valuation Standards Council) en tant que membre du TAB (Tangible Assets Board) et est Fellow du RICS (Royal Institution of Chartered Surveyors). Il est également fondateur et ancien président de LARES (Latin American Real Estate Society).
Points clés de la présentation
Cette présentation offre une vue d’ensemble des « Opérations Urbaines », un instrument de planification urbaine défini par le « Statut de la Ville » (Loi fédérale n° 10.257 du 10 juillet 2001), qui, au Brésil, établit les normes et procédures de la planification urbaine appliquées à l’échelle des gouvernements locaux. Depuis les premières expériences dans les années 1990 à São Paulo, cet instrument s’est avéré être une source importante de financement extra-budgétaire pour les municipalités, permettant de capter la valeur foncière et de réaliser des investissements significatifs dans les infrastructures urbaines. Des exemples à Curitiba, Rio de Janeiro et São Paulo sont présentés et analysés.
Contenu de la présentation
La présentation pose tout d’abord le Cadre légal et exigences des Opérations Urbaines au Brésil et un mécanisme de financement spécifique et important le CEPAC (Certificat de Droits de Construction Additionnels), une valeur mobilière négociable sur les marchés financiers, régulées par la CVM (Comissão de Valores Mobiliários).
La législation pose des exigences » ESG » dans ces opérations:
- E (environnemental) : réduction des passifs environnementaux et nouvelles exigences de construction.
- S (social) : construction obligatoire de logements sociaux pour limiter la gentrification.
- G (gouvernance) : gestion partagée entre le gouvernement et la société civile, fonds dédiés aux infrastructures, exigences de transparence.
La présentation présente la mobilisation des CEPAC dans trois opérations urbaines qui ont pour objectif d’atténuer les changements climatiques :
- Curitiba : « Ligne Verte ».
- Rio de Janeiro : « Porto Maravilha », un projet de renouvellement de la zone portuaire.
- São Paulo : cinq opérations actives : Água Branca, Água Espraiada, Centro, Faria Lima, et Bairros do Tamanduateí.
Daniel KOZAK
Blue-Green Infrastructure in dense urban watersheds; The case of the Medrano Stream Basin in Buenos Aires – Infrastructures bleues et vertes dans les bassins urbains denses : Le cas du bassin versant du rivière Medrano à Buenos Aires
À propos de l’auteur
Directeur du Centre de recherche Habitat et Énergie et professeur à l’Université de Buenos Aires. Chercheur au Conseil National de la Recherche Scientifique et Technique d’Argentine (CONICET). Le professeur Kozak a mené des travaux de recherche à l’Université Oxford Brookes, à l’Université Columbia et été professeur associé affilié à l’Université de Washington à St. Louis.Il a dirigé le projet de recherche « Mise en œuvre des infrastructures bleues et vertes à travers la capture de la valeur foncière à Buenos Aires », financé par le Lincoln Institute of Land Policy et reconnu par une Déclaration d’Intérêt Environnemental du Conseil de la Ville de Buenos Aires.
Actuellement, Daniel Kozak est membre du comité exécutif du projet de recherche et d’innovation CONEXUS, financé par l’Union européenne dans le cadre du programme Horizon 2020, où il dirige le groupe de travail « Valorisation et investissement dans les solutions fondées sur la nature ».
Document de référence
Cette présentation est basée sur le document de travail : « Implementación de Infraestructura Azul y Verde (IAV) a través de mecanismos de captación de plusvalía en la Región Metropolitana de Buenos Aires: El caso de la Cuenca del Arroyo Medrano », dans le cadre d’un projet de recherche financé par l’Institute Lincoln en 2021-2022, et sur l’article « Blue-Green Infrastructure (BGI) in Dense Urban Watersheds. The Case of the Medrano Stream Basin (MSB) in Buenos Aires ».
Points clés de la présentation
La présentation part de l’hypothèse que l’investissement dans les infrastructures bleues et vertes (IBV) génère une plus grande valorisation foncière que l’investissement dans les infrastructures grises.
Dans ce cadre, le Dr. Kozak affirme que les grands travaux réalisés dans le bassin versant du rivière Medrano ont entrainé une augmentation de la valeur foncière sur ce périmètre. En explorant trois scénarios d’investissement en infrastructures vertes et bleues (BGI), il montre comment la captation d’une partie de la valeur créée peut permettre au secteur public de couvrir entre 58 et plus de 85% des investissements en dix à cinquante ans. La maitrise des inondations par le programme d’investissements public a un effet direct sur la hausse du prix des propriétés concernées et génère aussi des économies résultant des dommages évités. Par ailleurs, dans les différents scénarios, l’amélioration des qualités urbaines et environnementales génère une valorisation foncière supérieure à celle induite par les mesures traditionnelles de contrôle des inondations.