Résumé (auteur/e). La communauté scientifique s’accorde sur la responsabilité de l’homme dans les menaces actuelles pesant sur la biodiversité. La forte érosion de la biodiversité mondiale pointe les limites biophysiques de renouvellement du capital naturel (espèces, paysages, services écosystémiques…). Postulant que la durabilité d’un système économique passe par le maintien du stock de capital naturel, Costanza et Daly ont introduit les concepts de « durabilité faible » et de « durabilité forte » pour caractériser les biens selon leur niveau de substituabilité (dans le cadre de la durabilité forte, le capital naturel devient non substituable). A leur suite, afin d’adapter le concept de durabilité forte aux problématiques de développement et d’aménagement, Toman suggère en 1994 de distinguer les capitaux naturels critiques présentant des enjeux de préservation forts des capitaux naturels de moindre importance. Il propose d’appliquer une logique de durabilité forte aux premiers pour ne pas les laisser décroître en dessous de seuils donnés dits normes minimales de sauvegarde et, d’utiliser les seconds comme supports du développement, appliquant alors une logique de durabilité faible. Partant les cadres conceptuels de Costanza, Daly et Toman, ma thèse évalue la faisabilité et les arbitrages inhérents à la mise en œuvre de la durabilité forte dans une action publique de préservation de la biodiversité, en l’occurrence, la compensation écologique qui conditionne les opérations d’aménagement à compenser les pertes écologiques qu’ils engendrent. Mon objectif fut de me centrer sur une action publique ayant des assises spatiales afin de mettre en évidence les déterminants individuels permettant sa mise en œuvre et d’évaluer les seuils, notamment spatiaux, nécessitant des arbitrages entre enjeux de développement économique et conservation de la biodiversité. Dans un premier chapitre, je propose et applique empiriquement sur trois régions françaises, une méthode pluridisciplinaire (reprenant des éléments d’écologie) de catégorisation des milieux naturels en fonction de leur niveau de durabilité. La spatialisation empirique de mes catégories fait ressortir la place prédominante de l’agriculture et une forte variabilité des niveaux de durabilité selon la nature biophysique et anthropique des espaces. Dans le second chapitre, j’évalue, à partir des cadres de l’économie comportementale, l’acceptabilité de la compensation écologique par les agriculteurs. Je mets en évidence de fortes disparités dépendantes des types de production et de l’histoire personnelle des agriculteurs. Dans mon dernier chapitre, j’évalue empiriquement les contraintes spatiales inhérentes à l’atteinte d’une durabilité forte à partir d’un modèle théorique d’allocation de l’effort de compensation à l’échelle régionale. Un premier résultat de ma thèse est donc une définition opératoire de la nature ordinaire, adaptée à la mise en œuvre d’une action publique sur l’environnement (en l’occurrence le dispositif de compensation écologique). Je montre que, si l’on cantonne les aménagements à la nature ordinaire, l’objectif de durabilité forte devient atteignable, à condition que l’agriculture soit le pivot du dispositif. Mon second résultat met en lumière les comportements des agriculteurs eu égard aux politiques visant la préservation d’une biodiversité. Il montre, à rebours des résultats standard en économie comportementale, que les agriculteurs réagissent plus favorablement à une biodiversité moins spécifique et que les niveaux d’acceptabilité de la mesure sont hétérogènes selon leur type de production (bio vs conventionnel) et leur histoire personnelle (héritier agricole versus néo-agriculteur).
Université | Avignon |
Discipline | Sciences économiques |
Date soutenance | 19/10/2018 |
Directeur/trice de thèse | Claude Napoleone, Isabelle Doussan |
Mots-clés | Agriculture, compensation écologique |
Accès en ligne | https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-02184371 |
Thèmes : agriculture, écologie et environnement, aménagement du territoire, développement durable