Dans un contexte de raréfaction des terrains constructibles, comment produire de nouveaux logements qui répondent à la fois aux contraintes environnementales (construire dans les enveloppes urbaines déjà bâties) et au désir des habitants de pouvoir acquérir une maison individuelle à un prix abordable ?La démarche « BIMBY », acronyme de Build In My Back Yard (ou « construire dans mon jardin ») prend le contrepied du concept « NIMBY » (Not In My Back Yard, « pas dans mon jardin ») et fait émerger une filière de renouvellement urbain au sein des tissus pavillonnaires existants. L’hypothèse de départ est que la densification de ces quartiers puisse être réalisée à l’initiative de leurs habitants, du moins ceux qui manifestent le besoin de faire évoluer leur logement et/ou leur terrain. Les projets de vie des ménages propriétaires d’une maison individuelle peuvent en effet être à l’origine de la création d’un nouveau logement sur une parcelle déjà bâtie et située au sein d’un tissu déjà urbanisé. Durant ces trois années de thèse, l’équipe d’architectes-urbanistes du laboratoire de recherche In Vivo – dont je fais partie – a reçu plus 1 800 ménages propriétaires d’une maison individuelle lors d’ateliers de concertation BIMBY. Plus de la moitié des participants à ces entretiens ont imaginé et fait dessiner à leur architecte-médiateur un projet de construction d’un nouveau logement dans leur jardin. Dans cette dynamique de concertation, l’habitant peut devenir un acteur déterminant de l’évolution de la ville, en accueillant un nouveau voisin dans son jardin. Cette recherche de thèse opérationnelle est menée en collaboration avec le bureau d’étude Villes Vivantes, et son laboratoire de recherche In Vivo. Elle cherche à appréhender l’impact des projets des habitants des tissus pavillonnaires, lorsque ceux-ci sont intégrés au processus participatif BIMBY. Pour cela, nous avons analysé les 1 800 entretiens qualitatifs effectués avec les propriétaires dans le cadre de démarches BIMBY impulsées par 25 collectivités françaises. Différents scénarios de vie peuvent être à l’origine d’un projet de construction d’un nouveau logement. La destination de celui-ci (pour un tiers, pour un proche ou pour les porteurs de projet eux-mêmes) conditionne l’évolution de la parcelle bâtie ainsi que du quartier et de la commune. C’est pourquoi cette recherche se concentre dans un second temps sur l’influence de la concertation individuelle avec un architecte-médiateur sur la forme des projets imaginés par les habitants. En leur donnant les informations et les outils nécessaires à une bonne compréhension des contraintes techniques, économiques, architecturales et des différentes stratégies patrimoniales possibles, l’architecte contribue à faire évoluer les projets des habitants. L’apport d’une expertise architecturale permet de faire émerger des projets souvent mieux intégrés à leur environnement, contribuant à une densification par micro-projets qui pourrait être mieux acceptée des riverains que les grands projets ou la densification « sauvage ».Pour autant, et ce sera la conclusion de notre étude, la poursuite dans le temps du conseil aux particuliers, et la mise en place d’une politique d’urbanisme intégrant pleinement les projets des habitants sont incontournables pour parvenir à mener un projet d’intensification pavillonnaire vertueux. L’analyse de l’état d’avancement des projets de 180 participants sur huit territoires, et de l’évolution des idées lorsque la concertation se poursuit révèle d’autres perspectives sur les enjeux de l’accompagnement des habitants vers la densification pavillonnaire.
Université | Montpellier 3 |
Discipline | ARCHITECTURE spécialité Aménagement de l’Espace |
Date soutenance | 28-11-2017 |
Directeur/trice de thèse | Catherine Bernie-Boissard, Anne Sistel |
Mots-clés | Périurbain, maison individuelle, BIMBY, urbanisme |
Accès en ligne | http://www.biu-montpellier.fr/florabium/jsp/nnt.jsp?nnt=2017MON30051 |