Résumé de l’auteur/e. La filière des fruits et légumes frais est aujourd’hui confrontée à la mise en question des institutions gouvernant ses rapports institués de distribution. De plus en plus, une partie des acteurs intervenant dans le gouvernement de cette filière (collectivités territoriales, producteurs, distributeurs, organisations pro fessio nnelles) cherchent à promouvoir de nouvelles formes de distribution, caractérisées par la réduction des distances sociales et / ou relationnelles entre producteurs et consommateurs. La fin des années 2000 anotamment été marquée par la mise en œuvre d’une politique publique nationale destinée àdévelopper les« circuits courts » de commercialisation des produits agricoles, caractérisés parl’absence ou la présence d’un seul intermédiaire entre producteurs et consommateurs. Cescircuits courts sont, en outre, souvent associés par les acteurs à des dynamiques de relocalisation des processus de distribution. Historiquement peu concernée par ces modes dedistribution, dont les titulaires de son gouvernement ont au contraire cherché à l’affranchir enles marginalisant économiquement, la filière des fruits et légumes frais redécouvreaujourd’hui de nouvelles manières d’organiser ses marchés et de qualifier les produits. Doit- on pour autant conclure au triomphe des challengers du gouvernement de cette filière, parcequ’ils auraient réussi à institutionnaliser de nouveaux rapports institués de distribution ? Nous prétendons justement montrer, à partir d’une sociologie du gouvernement de la filière inspirée des travaux de la sociologie économique et de l’économie politique, que la réalité est pluscomplexe et ambigüe. En effet, si, à l’échelle locale, ces challengers parviennent à mieux contrôler les opérations de problématisation, d’instrumentation et de légitimation des enjeux associés à l’institutionnalisation de nouveaux modèles de distribution des fruits et légumes, aux échelles nationale et communautaire, le gouvernement de la filière demeure contrôlé par les acteurs les plus puissants : producteurs spécialisés, organisations de producteurs, enseignes de la grande distribution. Finalement, plutôt qu’à une relocalisation des circuits de distribution de la filière, on assiste en réalité à une évolution des dynamiques de qualification, marquée par la stabilisation du « local » comme une nouvelle institution marchande, dont l’usage stratégique permet aux titulaires du gouvernement de conserver la mainmise sur la définition des enjeux légitimes à traiter, en particulier ceux relatifs aux modèles de développement agricoles à soutenir et encourager.
Université |
Bordeaux |
Discipline |
Sociologie |
Date soutenance |
02-12-2016 |
Directeur/trice de thèse |
Andy Smith |
Mots-clés |
Territoire, circuit court, fruits et légumes, marché fermiers |
Accès en ligne |
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01491025 |
Articles/WP liés à la thèse |
Naves Pierre, L’encadrement des circuits courts. Du secteur agricole aux territoires ?, Économie rurale 2016/5 (n° 355) |
Thèmes : agriculture, périurbain