Mutabilité urbaine : la nouvelle fabrique des villes [Anne Durand]

Infolio, coll. « Archigraphy Poche », 2017, 220 p

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Tiré d’une thèse soutenue en 2015 sous la direction de Chris Younès, l’ouvrage engage une réflexion philosophico-urbanistique pour un changement de paradigme, proposant celui de mutabilité de l’action publique, soit faire la ville autrement. Partant d’une approche très critique de l’aménagement urbain tel qu’il a été conçu au début du XXe siècle l’auteur manifeste une volonté de penser l’urbain postcapitaliste. Le constat selon lequel « le développement des grandes villes a favorisé la stabilisation du capitalisme mondial et provoqué de profondes crises urbaines et sociales », pose la mutabilité urbaine comme « une action pour résister ». Le concept de mutabilité s’appuie sur ceux d’impermanence, d’incertitude, de sérenpidité, de flexibilité, d’adaptabilité, de réversibilité. Les références explicites à D. Harvey, H. Lefebvre et F. Choay placent d’emblée les éléments du débat. L’auteur pose les conditions du changement (accepter l’incertitude, favoriser une collection d’inventivité, accueillir le change-ment) dessinant les contours de la mutabilité entendue comme « une position intellectuelle […], une manière d’être et d’agir ». Ceci étant, comment ça marche ? D’abord par l’abandon des carcans réglementaires (planification et réglementation) au pouvoir sclérosant ; ensuite, par la promotion des participations citoyennes et par l’autoconstruction ; enfin en faisant exister « le présent avec comme finalité, un mieux vivre ensemble, à travers l’implication des habitants ». Les exemples des villes de Nantes (projet Îles de Nantes) et de Mexico démontrent qu’un autre modèle est possible. Le lien entre ces terrains d’observation et la construction théorique solide n’apparaît pas évident en première lecture. Cette dernière critique incite à lire le document original pour ne pas trahir la mécanique de la démonstration et la cohérence d’un tout – celui d’une thèse de doctorat.