Construire la naturalité nordique à la lumière de la ville. La production des espaces naturels protégés comme composante de l’urbanité à Oslo (Norvège), Göteborg, Stockholm (Suède), Copenhague (Danemark) et Helsinki (Finlande)

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Par un regard géographique sur les espaces protégés urbains, cette thèse propose d’appréhender les politiques de protection comme des choix de production de naturalité métropolitaine. Le propos, qui s’appuie sur l’étude de cinq métropoles nordiques (Oslo, Göteborg, Stockholm, Copenhague, Helsinki) situées dans quatre contextes nationaux différents (Norvège, Suède, Danemark, Finlande), développe un raisonnement sur les fondements, les pratiques et les représentations relatifs aux espaces et aux spatialités de la protection. La thèse ne propose pas une compilation monographique, et c’est de manière transversale et critique qu’elle invite à considérer l’espace protégé comme un espace urbain à part entière. À l’aune de la nordicité, elle questionne l’existence, les modalités et les spécificités d’un supposé modèle scandinave qui transparaîtrait à travers les politiques de protection. La démonstration suggère surtout un renversement des schèmes habituels de la protection : ici, la ville n’est pas comprise comme une menace pour la nature, elle est au contraire questionnée comme un facteur protecteur. En retour, la protection peut renforcer certaines fonctions urbaines et peut même apparaître comme un levier de métropolisation. En mobilisant différentes formes d’observation et divers matériaux, ce travail de géographie sociale et politique de l’environnement est aussi une réflexion épistémologique plus large sur les notions de ville et de nature, et sur les liens qu’elles entretiennent. En confirmant l’indispensable dépassement des dualismes issus de la modernité, cette thèse questionne les formes spatiales hybrides produites par l’instauration de réglementations protectrices au sein des espaces métropolitains. Alors que la protection peut apparaître comme un moyen de régulation de l’urbanisation, elle est surtout un vecteur de valorisation de certains espaces urbains et, à ce titre, elle renforce souvent l’urbanité. Parmi la diversité des situations rencontrées, l’urbanité des espaces naturels devient même parfois la raison d’être de la protection. En somme, certains espaces protégés urbains sont davantage des espaces urbains protégés. Initiée politiquement, la protection se doit néanmoins d’être validée socialement pour vraiment exister. En portant une attention particulière aux pratiques des habitants, ce travail constate des décalages entre les assignations politiques de la protection et leur réception par les citadins. Ainsi, l’espace protégé peut déborder du simple périmètre réglementaire de protection ou être condensé en certains lieux : les limites normalement bien établies de cet objet spatial se meuvent et les lignes de la protection s’avèrent labiles. Étudier les politiques de production et de protection des espaces naturels et les modalités d’appropriation des espaces protégés s’avère donc être un angle d’approche original et fécond du fait urbain et des logiques métropolitaines. En filigrane, cette thèse est aussi une réflexion sur la mise en œuvre d’une démarche géographique et sur la construction d’un regard de géographe.

Thèse : accès en ligne
Université
Grenoble Alpes
Discipline
Géographie
Date soutenance
15-09-2017
Directeur/trice de thèse
Lionel Laslaz
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