-
Direction(s) :
- Valérie Gelézeau
- Université(s) :
- Paris EHESS
Résumé : Depuis l’ouverture de l’économie de marché de Chine en 1978, l’intensification de la croissance économique conjuguée à une urbanisation accrue, s’est accompagnée par un flux migratoire important de la population rurale vers les zones urbaines à l’échelle nationale. Régie par le système d’enregistrement des ménages, ou hukou (户口), la division entre population rurale et non rurale, et la structure foncière qui y est liée, engendre des réglementations et des allocations de ressources distinctes entre les deux zones. Les terrains urbains appartiennent à l’État et les terrains ruraux sont des propriétés collectives des villageois, deux méthodes de gestion qui sont appliquées dans tout le pays. Dans ce contexte, les villages qui ont été absorbés dans les extensions des limites administratives urbaines qu’ils aient été en périphérie ou non, des villes existantes sont désignés sous le terme « village urbain ». Ils constituent le cœur de cette étude. Notre recherche se penche sur l'évolution des « villages urbains » à Weifang, une ville emblématique de la péninsule du Shandong, pour son histoire culturelle et sa croissance récente, mais peu étudiée. En s'appuyant sur une étude du terrain menée entre 2017 et 2020, la thèse décrypte les dynamiques d'aménagement et les politiques associées à partir de trois études de cas spécifiques. Elle mobilise pour ce faire des entretiens avec des fonctionnaires, des institutions publiques, des « villageois » (habitant d’origine du « village urbain » détenant un hukou rural local), des citadins, des membres du comité des « villageois », des observations directes, des photographies et une documentation variée de première main (lois, décrets, documents d’urbanisme).Structurée en trois parties, cette thèse comprend huit chapitres. Dans la première partie, le premier chapitre pose le contexte socio-institutionnel ayant conduit à l’émergence, l’expansion et l’éventuelle disparition des « villages urbains ». Le chapitre 2 entreprend une exploration exhaustive de la définition des « villages urbains », traçant son évolution temporelle à travers les analyses des chercheurs chinois et occidentaux. Le chapitre 3 éclaire le dualisme du hukou et du système foncier. Une attention particulière est accordée aux transitions de statuts (de rural à non rural) et aux mutations des droits fonciers des « villageois », à travers les phases d’urbanisation des « villages urbains ». La deuxième partie se concentre sur ma ville natale, Weifang, qui comptait 298 « villages urbains » en 2019 parmi lesquels j’ai choisi mes cas d’étude. Le chapitre 4 brosse un portrait de Weifang, présentant ses caractéristiques géographiques, économiques, sociologiques et son évolution urbaine, ainsi que les changements survenus dans les « villages urbains » depuis 2004. Les trois « villages urbains » choisis pour cette étude, Beigouxi, Nanhuzhuxi et Donsanjia, par facilité d’accès aux informations sont examinés sous plusieurs angles : les motivations sous-jacentes à leur sélection, les projets de rénovation (démolition et reconstruction) mis en place, et les témoignages des « villageois ». Le chapitre 5 analyse en détail les politiques et les directives gouvernementales concernant l’aménagement des « villages urbains », notamment les directives de 2004, 2006 et 2007. La troisième partie se concentre sur les différents acteurs impliqués dans le processus d’aménagement des « villages urbains ». Le chapitre 6 examine les rôles des institutions gouvernementales, des sociétés de promotion immobilière et des comités des « villageois ». Le chapitre 7 se penche sur les réactions et les ressentis des « villageois », des citadins et des migrants. Le dernier chapitre explore les dynamiques entre les acteurs concernés, pilote les défis inhérents au processus d’aménagement urbain et examine les stratégies envisagées par les autorités locales pour surmonter ces obstacles.