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Direction(s) :
- Patricia Martin
- Bruno Sarrasin
- Université(s) :
- Université de Montréal
Résumé : Le tourisme de croisière se démarque du tourisme ayant des assises terrestres par sa nature mobile et extraterritoriale. Ces facteurs favorisent un rapport de force en faveur de l’industrie lorsque vient le temps de négocier ses conditions d’opération lors de la mise en place d’une nouvelle destination. Le but de ce projet de recherche est de mettre en évidence les dynamiques sociospatiales inhérentes aux relations de pouvoir entre les groupes d’acteurs liés au tourisme de croisières dans l’espace caribéen. Notre attention a été portée sur les processus de territorialisation induits par le déploiement d’une destination à travers l’étude de cas de la création d’une enclave de croisière à Harvest Caye dans le Sud Belize. Pour ce faire, nous avons développé un cadre conceptuel qui s’appuie d’abord sur la notion de production d’un espace de tourisme de croisière où sont pris en compte les mécanismes néolibéraux de production de l’espace ayant conduit à la mise en place de l’enclave. Ensuite, il porte sur les processus de territorialisation qui ont transformé le Sud Belize en conséquence au déploiement territorial de ce tourisme dans l’espace de vie des communautés réceptrices. Nos résultats, basés sur de l’analyse de contenu, de l’observation participante et de 42 entretiens semi-directifs, montrent que les relations de pouvoir d’abord favorables à l’industrie du tourisme de croisière peuvent être contrées et permettre aux différents acteurs de l’espace de vie de prendre en charge les processus de territorialisation dans un contexte d’imposition d’un espace de tourisme de croisière. Les processus de territorialisation apparus lors de la rencontre entre l’espace de tourisme de croisière et l’espace de vie témoignent des actions stratégiques simultanées entre les différents groupes d’acteurs. D’une part, celles liées à la tentative d’appropriation territoriale de la part de l’industrie, et ensuite celles associées aux différentes résistances des groupes d’acteurs locaux notamment ceux issus de l’industrie de l’écotourisme. Néanmoins, de part et d’autre, nous avons assisté, directement ou indirectement, à des actions d’adaptations et de coopérations qui ont érodé la vision conflictuelle des dynamiques territoriales qui caractérisent souvent l’implantation du tourisme de croisière. Enfin, nous soulevons l’hypothèse qu’il existe une phase de territorialisation parallèle au tourisme de croisière, liée à des dynamiques d’appropriation territoriales par le foncier qui s’est exacerbée lors de la mise en place de l’île enclave.
Lien : https://umontreal.scholaris.ca/bitstreams/effe98fa-e4d7-4c1f-907f-016e8f766d00/download