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Direction(s) :
- René-Paul Desse
- François Kengne Fodouop
- Université(s) :
- Brest
Laboratoire : Géoarchitecture : territoires, urbanisation, biodiversité, environnement
Résumé : La présente thèse a pour ambition de comprendre les mécanismes de la production de l’habitat précaire à Yaoundé et les stratégies des différents acteurs privés et publics pour le résorber. Elle résulte d’une méthodologie qui combine la recherche documentaire, les observations directes, les enquêtes par questionnaire auprès d’un échantillon représentatif des ménages des quartiers à habitat précaire de Yaoundé, et les entretiens auprès des chefs de quartiers, responsables d’associations et ONG de Yaoundé, oeuvrant dans l’amélioration des quartiers à habitat précaire. Il ressort de cette étude que les quartiers à habitat précaire de la ville de Yaoundé se développent essentiellement sur les versants de collines escarpées et dans les fonds de vallées marécageuses. Ils posent de réels problèmes qui poussent les pouvoirs urbains d’une part à les raser (Municipalité) et d’autre part à y mettre en oeuvre des stratégies et/ou programmes d’amélioration (l’État à travers le PPAB et le PDUE ; les ONG, les associations des quartiers, les particuliers, etc.). En effet, l’habitat précaire dans les quartiers étudiés a tout d’abord occupé les versants de collines escarpées, puis s’est étalé dans les marécages, zones en principe non aedificandi. Ces quartiers rassemblent près de 90 % de la population de la ville. Cette dernière, qui provient d’horizons géographiques divers, n’a pas de titre foncier lui garantissant la propriété et les transactions foncières s’y font dans l’illégalité. Les habitations quant à elles, sont construites par des tâcherons qui emploient des matériaux de fortune. Les quartiers à habitat précaire de la ville de Yaoundé ont de réels problèmes d’assainissement. L’évacuation des déchets solides constitue une question épineuse pour les ménages, surtout en termes d’accès aux services de collecte de qualité. Le réseau de distribution de l’électricité présente de façon permanente des défaillances, et l’approvisionnement en eau se fait soit en sous-location à partir d’un robinet appartenant à un particulier, soit à la borne fontaine, soit à une source ou dans un puits d’eau. L’occupation anarchique des versants de collines escarpées et des fonds de vallées marécageuses est à l’origine de nombreux phénomènes "naturels" dont l’érosion, les glissements de terrain et les inondations. Les stratégies de traitement de l’habitat précaire par les pouvoirs urbains publics sont orientées d’une part vers le déguerpissement sans indemnisation des populations n’ayant ni titre foncier, ni permis de construire, et d’autre part vers le désenclavement par restructuration. Plusieurs ONG et associations des quartiers contribuent à l’assainissement de certains quartiers à habitat précaire dans la ville de Yaoundé. Aussi, les populations de ces quartiers emploient des techniques de fortune pour stabiliser les milieux occupés et faire ainsi face aux problèmes hydrologiques et géomorphologiques. Les opérations de restructuration des secteurs à habitations précaires et de recasement des populations installées dans des zones à risque réel, sont des opérations d’aménagement adaptées dans le contexte socio-économique yaoundéen. Pour une amélioration plus efficace, l’État doit impérativement procéder à des changements structurels normatifs et administratifs à différentes échelles. La législation devrait donc envisager l’option d’un réaménagement des secteurs précaires des quartiers dans le but à long terme de normaliser la situation foncière de leurs habitants. Les pouvoirs publics doivent prendre conscience de l’utilité d’intégrer la problématique des quartiers à habitat précaire dans la planification de l’évolution de leur territoire.
Lien : https://theses.hal.science/tel-02480681