Sociétés sous pression : une anthropologie historique d’un dispositif hydraulique intermédiaire : le cas du canal de Manosque (1990-2010)

Résumé de l’auteur/e. Interrogeant les rapports entre ordre social et irrigation, cette thèse étudie la trajectoire d’un dispositif hydraulique intermédiaire relevant à la fois de l’état et d’une gestion collective locale: l’Association Syndicale du Canal de Manosque (France). Pour cela, ce travail se penche sur les controverses au cours des quelles à partir des années 1990 le devenir du canal fut l’objet de disputes entre une société parapublique, les services de l’état, des élus locaux et la population locale. Je montre alors comment les interventions des ingénieurs de la société parapublique sur ce canal créent du politique. Elles ouvrent un jeu de pluralisme légal. Elles interfèrent avec les tensions structurelles entre les autorités dans la définition de leur sphère de compétence. Elles reconfigurent les dépendances réciproques au sein de la population locale autour de l’eau et du foncier. Elles s’accompagnent de l’émergence d’arènes de négociation. La « modernisation » des arrosages est ainsi un processus conflictuel conduisant à une reconfiguration de l’espace hydraulique, juridique, social et public tandis que la société parapublique fait entrer une partie des eaux dans des régulations marchandes, l’association syndicale change de nature en organisant les intérêts d’acteurs stratégiques autour de la gestion des externalités produites. Cette thèse invite ainsi à adopter une démarche qui privilégie la dimension relationnelle, interne et externe, de ce qui relève de l’état, de l’industrie, du collectif et des individus autour de l’eau. Elle propose de considérer les limites entre ces divers domaines de la vie sociale comme le résultat d’un processus conflictuel et négocié.