Cybergéo (2022), article 1009, 24 mars 2022
Abstract (authors) : Dans un contexte de changements globaux, concilier production agricole et préservation de la biodiversité constitue un enjeu majeur. Dans les régions de montagne identifiées comme "High Nature Value", des visions divergentes entre praticiens et écologues prennent la forme d’affrontements d’expertises relatives aux effets des pratiques agricoles sur les dynamiques écologiques. Soucieuse de favoriser les échanges entre les groupes d’acteurs qui s’opposent, cette recherche met en lumière la nature et les conditions d’élaboration des savoirs naturalistes locaux des éleveurs des Pyrénées françaises et espagnoles. Elle considère qu’au-delà des savoirs d’élevage, la fréquentation quotidienne d’une flore et d’une faune non productive permet l’acquisition de savoirs liés à la personnalité de chaque éleveur, mais aussi aux lieux qu’il fréquente. Elle fait l’hypothèse que ces savoirs sont indissociables des caractéristiques spatiales et écologiques des lieux-milieux que les éleveurs façonnent, mais aussi de leur mode d’habiter. Sur la base d’une quarantaine d’entretiens et de l’examen approfondi d’un cas, elle montre l’existence d’un fond de savoirs communs relatifs aux espèces qui posent problème. Pour les autres, des savoirs plus différenciés distinguent par contre les individus et les lieux. Les modes d’habiter constituent un déterminant essentiel de l’acquisition de ces savoirs, encore méconnu des sciences sociales ou écologiques.