Annales de géographie (2019), n°729-730 (5-6/2019), pp. 135-158
Abstract (authors) : La question du droit à la ville au Sud se pose avec beaucoup d’acuité pour les pays en voie d’urbanisation rapide comme la Chine ou l’Inde. Ces nouveaux espaces urbains sont le résultat de méga-projets qui remodèlent et étendent les villes traditionnelles remettant en cause le droit à la ville des citadins présents, provoquant le déplacement des plus précaires. Il existe pourtant des situations où le droit à la ville est octroyé comme à Amaravati, la nouvelle capitale de l’Andhra Pradesh en Inde du Sud. Sur l’ensemble de l’espace du projet (200 km2), les villageois ont basculé en 2015 dans le monde urbain décrété par le gouvernement d’Andhra Pradesh. Pour autant, ont-ils acquis un droit à la ville, plein et entier, comme défini par H. Lefebvre ? Une première réponse vient du modèle urbain et de sa mise en oeuvre, celui de la ville inclusive choisi par les autorités. Quelle est l’étendue du droit accordé et qui est en capacité de s’en emparer ? Grâce à des travaux de terrain nous avons pu constater que le gouvernement d’Andhra Pradesh accorde inégalement des droits dans la ville, il ne permet pas un « droit à la ville » entier. Seuls les propriétaires fonciers peuvent tirer parti du modèle spéculatif voulu à Amaravati. Cette situation de production d’une ville à neuf démontre que le droit à la ville demeure une conquête collective soumise aux ambitions de groupes sociaux concurrents.
Lien : https://www.cairn.info/revue-annales-de-geographie-2019-5-page-5.htm