Le droit et l’espace souterrain. Enjeux de propriété et de souveraineté en droit international et comparé

par | 18 Oct 2016 | Changement climatique, Droit, Eau, Ecologie et environnement, Lyon 3, Sous-sol, Thèses | 0 commentaires

Résumé de l’auteur/e. L’espace souterrain, qui s’étend depuis la surface des terres émergées et des fonds marins jusqu’au centre de la Terre, est délaissé par le droit international. Aucune règle de droit international positif ne vient réglementer l’utilisation queles Etats font de leur espace souterrain territorial, cette utilisation et le régime de la propriété souterraine faisant partie de leur domaine réservé. Si les normes internationales régissentl’utilisation de l’espace souterrain extra-territorial – celui des grands fonds marins et celui del’Antarctique – elles n’appréhendent l’espace souterrain qu’en termes d’utilisation et de mise en valeur des ressources minérales. De ce régime juridique d’exploration et d’exploitation des ressources minérales dépend d’ailleurs le statut juridique de l’espace souterrain qui va de la pleine souveraineté de l’Etat côtier à l’exclusion de toute appropriation nationale ouindividuelle. Devant la multiplication des utilisations souterraines et face aux dommages environnementaux et aux violations des droits de l’homme liés à certaines de ces utilisations, le droit international doit réinvestir l’espace souterrain et notamment le contenu et l’étendue des droits qui le concernent tant dans l’ordre interne qu’international, afin d’en réglementer lamise en valeur et d’en assurer la protection.

Principales conclusions (auteur/e). En droit international, l’espace souterrain fait l’objet d’un traitement différencié selon que l’on s’intéresse à l’espace souterrain sous le territoiredes Etats (1°) ou à l’espace souterrain au-delà des territoires nationaux (2°) :
1°) Le régime de l’utilisation de l’espace souterrain territorial est déterminé exclusivement par le droit interne. Les tentatives peu nombreuses visant à réglementer l’usage que l’Etat fait de son sous-sol ont échoué pour la plupart, excepté les problèmes liés aux aquifèrestransfrontaliers. Les ressources souterraines non partagées, qu’ils s’agissent des eaux souterraines ou des ressources minérales, et l’espace souterrain territorial de manière générale, sont pourtant confrontées aux mêmes enjeux de pollution et de surexploitation. Devant lesenjeux climatiques et d’accès à l’eau, il devient crucial aujourd’hui de proposer un cadegénéral qui viendrait circonscrire la liberté des Etats dans l’utilisation qu’ils font de leurespace souterrain territorial et qui viendrait par conséquence encadrer le régime de lapropriété souterraine qui joue un rôle essentiel quant à la pression exercer sur l’espacesouterrain et sur ses ressources.
2°) Le régime de l’utilisation de l’espace souterrain extra-territorial est quant à lui multiple et il dépend essentiellement des intérêts des Etats vis-à-vis de la mise en valeur des ressources minérales. Les fonds marins et leur sous-sol sont soumis à une appropriation dégradée qui vade l’appropriation exclusive pour les fonds marins de la mer territoriale qui sont soumis à la souveraineté de l’Etat côtier, à l’appropriation commune par les Etats de la Zone internationale des fonds marins, en passant par l’appropriation finalisée du plateau continentalsur lequel l’Etat côtier exerce des droits souverains en vue de l’exploration et de l’exploitation des ressources minérales. L’espace souterrain de l’Antarctique est, pour sa part, exclu de touteappropriation nationale. Le statut approprié ou non approprié de l’espace souterrain extra- territorial est ainsi largement déterminé par les compromis auxquels les Etats ont abouti devant leurs intérêts contradictoires quant à la primauté de la souveraineté ou de la liberté selon qu’ils soient des Etats côtiers ou non et des Etats industrialisés ayant la capacité d’exploiter ces ressources ou non.

Université

Lyon 3

Discipline

Droit public mention droit international et comparé

Date soutenance

18-10-2016

Directeur/trice de thèse

Philippe Billet

Mots-clés

Sous-sol, territoire, changement climatique, droit minier, eaux souterraines, environnement, mine, ressource minérale, ressource naturelle

Accès en ligne

CV de l’auteur/e

http://www.legiscompare.fr/web/IMG/pdf/cv._stephanie_reiche- de_vigan._mars_2017.pdf

Thèmes : Changement climatique, eau, sous-sol, écologie et environnement

Dans la même catégorie :

La valorisation des biens publics

Résumé (auteur/e). La présente recherche vise à cerner et définir le concept de valorisation appliqué aux biens publics en s’appuyant sur son double fondement, le droit de propriété et le bon usage des deniers publics. Ce concept repose sur deux composantes,...

Terres nourricières ? : la gestion de l’accès au foncier agricole en France face aux demandes de relocalisation alimentaire : enquêtes dans l’Amiénois, le Lyonnais et le sud-est de l’Aveyron

Résumé (auteur/e).    Cette thèse se demande en quoi les demandes de relocalisation alimentaire contribuent à transformer la gestion de l’accès au foncier agricole. Plus largement, il s’agit de comprendre comment le partage des terres entre les personnes souhaitant y...

Durabilité forte et aménagement du territoire : Analyse empirique de la compensation écologique centrée sur la nature ordinaire et intégrant les agriculteurs

Résumé (auteur/e). La communauté scientifique s’accorde sur la responsabilité de l’homme dans les menaces actuelles pesant sur la biodiversité. La forte érosion de la biodiversité mondiale pointe les limites biophysiques de renouvellement du capital naturel (espèces,...

La place de la concertation dans la mise en oeuvre de projets urbains durables à travers l’exemple de l’agglomération parisienne : territoires, acteurs, représentations

Résumé (auteur/e). Depuis Rio 1992, la concertation est devenue une pratique politique et sociale incontournable. Elle répond à une demande des citoyens de participer au débat public, à la prise de décision, à la gestion locale et à la fabrique de la ville. La...