Formes et enjeux sociotechniques du périurbain durable : comparaison de Bimby et du New Urbanism

Résumé de l’auteur/e. Dans ce travail nous cherchons à comprendre comment les conditions de projet du renouvellement périurbain modifient les structures de la production de l’habitat périurbain. Le développement durable qui a progressivement gagné toutes les sphères de l’action publique s’attache plus récemment à reconsidérer les modèles de développement d’habitat du périurbain. Dans ce contexte, nous comparons deux pratiques professionnelles récentes, française et américaine, qui reconfigurent le système de production de l’habitat périurbain. Pour mettre cette reconfiguration en évidence nous déployons une réflexion en trois temps. D’abord, nous constatons que ces deux pratiques entrainent une évolution effective des formes urbaines et architecturales. Au prisme de la notion de transition, introduite par la théorie des systèmes sociotechniques, nous montrons qu’au-delà de l’évolution typomorphologique constatée, les logiques de projet de Bimby et du New Urbanism sous-tendent l’implication d’un pluralisme d’acteurs bénéfique. Ensuite, nous présentons et analysons les processus de design charrette et de micro-conception par lesquels les deux pratiques étudiées visent à répondre aux besoins d’une collectivité locale en impliquant une variété d’acteurs. Dans cette partie nous évaluons le degré d’influence des participants sur l’évolution des formes constatée plus tôt. Enfin, par la comparaison nous caractérisons des logiques de projet, des logiques de contrôle ainsi que des figures de l’appropriation par lesquelles le jeu d’acteurs que nous mettons en évidence poursuit une vision durable du périurbain. Nous précisons également les définitions de la co-conception et de la coproduction comme des approches de la médiation situées en amont et en aval des structures de production classiques. Les résultats de cette recherche contiennent plus particulièrement la modélisation des logiques de projet de Bimby et du New Urbanism, la modélisation du système de production de l’habitat périurbain durable, et la modélisation du renouvellement périurbain.

Principales conclusions (auteur/e). Les conditions de projet mises en évidence à travers les concepts de co-conception et de coproduction modifient les structures de production de l’habitat périurbain. D’un point de vue factuel, l’introduction de nouveaux acteurs dans la fabrique du périurbain étoffe une catégorie d’acteurs déjà existante. La diversification desrôles liés à la gestion des espaces d’échange conduit à de nouvelles compétences pour lesprofessionnels de la ville, notamment par les fonctions d’accompagnement au changement (facilitateur, canaliseur et catalyseur). Au niveau de la production, nous observons un déplacement des auto-promoteurs qui, avec le concours des architectes-médiateurs, formulent une offre immobilière encadrée et animée par la collectivité, dont le but est de venir combler les lacunes de l’offre locale. Au sein de la catégorie des promoteurs, ceux qui se spécialisent sur les petites opérations et auxquels nous nous sommes référé par le terme « micro- promoteurs », prennent plus d’importance, au détriment des grands promoteurs. D’un point de vue conceptuel, l’appropriation, lorsqu’elle passe par le dispositif, permet aux participants d’établir une forme de stabilité dans le processus à venir. Il est alors plus aisé d’anticiper et de vivre avec un système en cours d’évolution qu’on a contribué à façonner. Lorsqu’elle s’établitdans le processus, l’appropriation ouvre la possibilité de personnaliser un projet répondantdéjà aux enjeux du développement durable. En approfondissant la notion de médiation, nous avons précisé des approches de l’accompagnement, spécifiant des logiques de projet et de contrôle, qui permettent de mieux répondre à la complexité inhérente aux environnements urbains contemporains. Jusqu’à présent, le système de production de l’habitat individuel se désintéressait de ces difficultés pour privilégier les logiques de spéculation et de rentabilité. Le New Urbanism permet de souligner l’importance de la négociation pour recomposer l’offre urbaine. BIMBY compte plutôt sur l’agrégation d’une logique de projet individuelle basée sur la coopération entre un intérêt général contraignant et des intérêts individuels motivés par la volonté d’avancer. Sous l’angle des dynamiques sociotechniques, mettre une transition en mouvement consiste non seulement à introduire de nouvelles pratiques et de nouveaux modes opératoires mais aussi à permettre aux outils et aux produits de la dynamique d’être appropriés de multiples façons, ce que rendent possible BIMBY et le New Urbanism.

Thèmes : Périurbain, aménagement du territoire, développement durable