Entre rêve et réalité, le tableau de la ville durable qui nous est proposé met en scène une multitude de réalisations concrètes pour dessiner, à la manière d’un hologramme, une ville imaginaire qui réunisse ces champs de possibilité. Pour en arriver là, Laurence Estival, journaliste, et Marjorie Musy, directrice de recherche au Cerema, spécialiste de la prise en compte des interactions bâti-environne-ment pour la conception en milieu urbain, ont conjugué leur talent (de recherche et de mise en scène) pour repérer dans différents contextes internationaux les pratiques visant à protéger l’environnement, identifier les initiatives vertueuses pour la santé de l’humanité, pour plaider et convaincre de les développer. Elles ont retenu 6 thèmes du développe-ment durable : l’énergie, la mobilité, le traitement des déchets, la nature y compris l’agriculture, les risques environnementaux et le vivre ensemble social, des conditions pour vivre en ville tout en ménageant les ressources et les activités du quotidien. L’argumentaire donne une réalité à des concepts bien pensés mais généralement peu concrétisés. Il donne envie : pourquoi ne l’a-t-on pas fait plus tôt, plus partout ! Mais de suite la question se pose : pourquoi ça ne marche pas ? Les auteurs donnent la réplique aux détractations les plus courantes : les produits bio ne sont pas aussi sains, le frottement des pneus sur la chaussée est aussi polluant que les émissions de gaz d’échappement des véhicule… sans s’avancer toutefois sur les difficultés opérationnelles. Le lecteur retiendra les « bonnes pratiques » mais il n’aura pas le « mode d’emploi ». L’objectif des auteurs n’était pas là. Mais elles voulaient dépasser l’inventaire « à la Prévert » et démontrer la transversalité de la construction urbaine. Il faudra écrire une autre histoire. De celle-ci, il nous reste un espoir ou un mythe, le ré-enchantement de la vie en ville.
De la « tragédie des communs » à celle du « chacun pour soi »
Il y a tout juste 50 ans, à la fin de l’année 68, était publié dans la revue américaine Science un article qui allait devenir célèbre : « The Tragedy of the Commons ». L’auteur, Garrett Hardin, n’était pas économiste. Il était biologiste et n’avait encore jamais eu...