Le sud du Sénégal à l’heure de la culture irriguée de la banane : innovations agricoles et dynamiques territoriales

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Résumé (auteur/e).    Cette thèse étudie les dynamiques territoriales induites par le développement de la culture irriguée de la banane dessert, dans le sud du Sénégal, dans un contexte de systèmes de production profondément pluviaux et de marginalisation des grandes dynamiques de développement nationales. En tant que culture intensive et marchande, cette innovation agricole pose la question de son adoption, mais surtout de sa rentabilité économique face à l’enclavement et de ses interactions avec les dynamiques locales de développement. Pour répondre à cette question, la thèse s’est appuyée sur des enquêtes qualitatives auprès de divers acteurs de la filière banane (producteurs, commerçants, encadreurs, intermédiaires, etc.) et d’une lecture attentive des mutations en cours au sud du Sénégal. La thèse s’organise ainsi autour de trois parties. La première montre que c’est dans le caractère marginal des régions sud du Sénégal que réside les facteurs naturels et socio­économiques d’émergence de la culture irriguée de la banane. La seconde partie analyse le processus de son intégration dans les stratégies productives des paysans en insistant sur l’organisation de la production et les dynamiques de sa commercialisation. La troisième partie interroge les effets socio-économiques et géographiques de la dynamique de développement de l’innovation bananière dans le sud du Sénégal, en la replaçant au centre des recompositions socio-économiques et environnementales en cours aux niveaux local et régional. Cette thèse est ainsi une contribution à l’étude des « opérations de développement » en milieu rural africain et des possibilités de développement des régions marginalisées en Afrique de l’ouest.

Principales conclusions (auteur/e).  Cette thèse est parvenue à un certain nombre de résultats. L’opération banane irriguée au sud du Sénégal dégage des enseignements majeurs pour le développement en Afrique tropicale. Elle est un exemple d’innovation agricole relativement « réussie » par sa survivance au-delà du temps d’intervention de ses promoteurs et de leurs financements. L’engouement encore actuel des paysans montre en plus, que la forme d’innovation promue (taille des parcelles relativement faible, forme d’organisation assez souple de la production) et la rentabilité de l’activité répondent aux conditions paysannes locales. Ensuite, l’innovation bananière a entrainé d’importantes recompositions territoriales. La zone de production bananière du sud-est sénégalais, qui se caractérisait par son « vide » humain, son enclavement et sa marginalisation des grandes dynamiques nationales de développement, s’est fortement densifiée avec l’arrivée de « migrants de la banane », en plus d’accueillir des équipements socio-économiques (case de santé, jardins d’enfants, etc.), d’affermir ses relations avec la capitale régionale, Tambacounda, avec laquelle elle développe d’importants échanges. Parallèlement à ces mutions, des enjeux fonciers importants sont nés de l’exploitation de la zone tampon du Parc Niokolo Koba, créant une confrontation entre logique de production agricole et vocation écologiste.

Par ailleurs, dans le contexte actuel d’effervescence minière à l’est du pays, l’innovation bananière contribue à susciter un grand intérêt pour une réflexion sur des possibilités de développement des régions marginalisées en Afrique, voire une inversion territoriale face à la domination de la littoralité.

Université Saint-Louis (Sénégal)
Discipline Géographie
Date soutenance 09/12/2017
Directeur/trice de thèse Jean-Louis Chaléard, Sidy Mohamed Seck
Mots-clés Banane, innovation, dynamique territoriale, irrigation, développement, Sénégal
Accès en ligne http://www.theses.fr/2017PA01H047
Articles/WP liés à la thèse 2020, (A paraître). Une difficile construction territoriale au sud-est du Sénégal : innovation bananière et recompositions territoriales dans la vallée de la Gambie.

2018, « L’agriculture familiale peut-elle être un moteur d’inversion territoriale au Sénégal ? L’exemple de la culture irriguée de la banane dans la vallée du couloir fluvial de la Gambie autour de Gouloumbou (sud-est du Sénégal) ». Communication au Colloque international : «L’avenir des exploitations agricoles familiales d’Afrique de l’Ouest dans une économie mondialisée », Dakar, 27 – 29 novembre 2018.

2014, « Culture irriguée de la banane, dynamiques marchandes et perspectives de développement territorial dans la région de Tambacounda au sud-est du Sénégal », Communication au Colloque international : « Agricultures familiales, territoires et perspectives de développement dans les Suds », Tunis, 11 – 13 décembre 2014.

2012, « La production de banane irriguée : facteur de nouvelles dynamiques socio-économiques et d’intégration de Diannah Malary dans un espace sous-régional de la Moyenne Casamance ». Revue de Géographie du Laboratoire Leïdi – N°10, décembre 2012.

 

Thèmes : agriculture, aménagement du territoire, développement agricole et rural

Régions :Sénégal