Habiter des espaces investis et des espaces gris : une géographie de la constellation agropolitique à l’œuvre au Nord du Mozambique

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Cette thèse analyse la circulation et la matérialisation du discours qui promeut l’augmentation de la production agricole et l’investissement privé en Afrique afin d’assurer la sécurité alimentaire et le Développement. Elle est fondée sur l’étude de la constellation agro-politique à l’œuvre au Nord du Mozambique, ensemble d’acteurs en interaction autour des enjeux de production agricole. Cette thèse explore à la fois la transformation d’espaces investis et d’espaces gris, laissés pour compte par la politique agricole et les projets de Développement et d’investissement. Cette thèse mobilise la géographie, la political agronomy, et l’étude des sciences et sociétés afin d’étudier les mécanismes de savoir, de pouvoir, d’ignorance, de violence, et de ruse, à plusieurs échelles et dans différents espaces. Ce travail repose sur l’hypothèse selon laquelle les objectifs productifs de sécurité alimentaire et de Développement s’accompagnent de stratégies de gouvernement de populations, de conquêtes de territoires ou encore de capture de ressources portées par une diversité d’acteurs. Cette recherche explore alors la façon dont les représentations de l’agriculture sont articulées pour servir divers enjeux, comment elles participent à des asymétries de pouvoir et de savoir, ainsi que la manière dont elles contribuent à reconfigurer les espaces ruraux. Cette thèse se penche sur la circulation des représentations de l’agriculture au sein de la politique agricole et de projets de développement et d’investissement ciblant le corridor de Nacala. Elle explore l’écart entre ces représentations et celles des sociétés Makhuwa qui l’habitent, ainsi que les mécanismes permettant aux représentations de coexister et de se matérialiser. L’analyse ancrée d’espaces investis et gris montre que les interactions entre les discours sur l’agriculture, leur matérialisation, et le contexte économique et politique Nord mozambicain, alimente des mécanismes de violence structurelle et une politisation des habitants. Cette recherche inductive se fonde sur des méthodes de recherche qualitative : observations, entretiens semi-structurés, immersions dans les sociétés Makhuwa et étude de la littérature grise. Elle est le fruit d’un travail de terrain totalisant un an au Nord du Mozambique.

Université
Montpellier 3
Discipline
Géographie et aménagement de l’espace
Date soutenance
08-12-2017
Directeur/trice de thèse
Julie Trottier
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